Samedi 13 mai 2023 

de 16h à 20h 

événement gratuit sur inscription

Plasticien et artiste sonore, Méryll Ampe établit dans sa pratique des liens entre modelage et modulation. Après une formation de sculpture sur bois à l’Ecole Boulle, il mène un travail de création plastique et sonore à l’Ecole des Beaux-Arts de Paris-Cergy.

Méryll Ampe conçoit le son comme une matière à sculpter qui se déploie à travers des expérimentations de mise en espace (quadriphonie, multidiffusion). Il puise aussi dans les techniques directement liées à la sculpture : taille dans la masse, modélisation à l’aide de logiciels de traitements sonores. Les jeux rythmiques de percussions, le silence, la résonance des matières (plâtre, terre…) ou phénomènes sonores (ondes stationnaires, réflexions) sont autant de préoccupations liées à la matérialité même du son.

Invité par Line Gigs en 2020 à réfléchir à une proposition plastique pérenne pour La Station - Gare des Mines, Méryll Ampe a travaillé dans le sens inverse : à partir de la matière - le bois, l’espace - pour arriver au son. 

Pendant le confinement, Méryll Ampe a retrouvé un souvenir, une trace : une bande VHS, enregistrement d’une émission dont il n’a pu entendre que le son et qui témoigne du temps où il construisait des cabanes, à la fois refuge, cachette, lieu de retrouvailles, de rencontres et de jeux dans les forêts de Sénart (91) :

"La cabane est un espace transitionnel. Je me souviens que la construction d'une cabane commençait pour moi par le choix de l'espace trouvé entre les arbres. Puis je cherchais du bois mort ou découpais avec ma scie de petits arbres entre 3 et 10 cm de diamètre. J'étais armé d'un marteau, de clous, d'une paire de ciseaux et de ficelles. Sans échelle - à ma hauteur. Durant le confinement, j'ai retrouvé une cassette de l’émission  La Grande Famille de Jean Luc Delarue dans laquelle je raconte mes constructions de cabane. J'avais 7 ans. Mais sur cette K7, l'image n'est plus là, seul le son persiste sur la bande."

Méryll Ampe

Il ne s’agit pas ici de rejouer cette scène mais de la recontextualiser. Elle répond à un désir et une nécessité présente de l’artiste: celle de se construire un espace de travail et de composition singulier, partageable ; qui marque l’occasion de développer de nouveaux gestes à plusieurs, de nouvelles écritures.

Aujourd’hui, la cabane est outillée. C’est un espace d'écoute et de création sonore, une antenne qui émet et reçoit des sons. Elle rassemble un dispositif sonore intérieur et extérieur et pose la question de la porosité et du silence autrement qu’en forêt.

L’équipe a dû s'adapter, bricoler, réfléchir à quels matériaux utiliser, chercher les éléments verticaux sur lesquels s’appuyer, rassembler une équipe, écrire un protocole. 

Méryll Ampe activera à l’occasion du vernissage la cabane. Cette œuvre permettra donc d’autres invitations et laissera place à la création d’autres objets sonores, à l’amplification d’autres paroles in situ. Ce sera un outil pour se retrouver, composer, inviter et se rencontrer à travers un programme de résidences.

La création de cette œuvre revient aussi à travailler à l’autonomie d’un·e artiste dans un lieu habité et traversé par la fête, ouvrir une autre voie programmatique, développer des activités en parallèle de celles liées aux événements musicaux de La Station - Gare des Mines.

Les futur·es résident·es seront annoncé·es à l’occasion du vernissage.

Initié par Line Gigs en 2020, Chantier permanent est un programme curatorial fondé sur l’idée qu’une œuvre peut en engendrer une autre et sur la mise en circulation de l’autorat. Il se déploie sous la forme d’une série d'œuvres développées lors d'échanges longs avec les artistes invité·es (four-sculpture, bibliothèque-oeuvre, archive mobile, table zapatiste et enfin cabane-instrument), constituant progressivement une exposition permanente à La Station - Gare des Mines. Les espaces extérieurs et intérieurs se peuplent peu à peu d'œuvres sans cartel, de traces d'événements passés, de curiosités et de formes excentriques sans médiation ou discours associés.

Le Chantier permanent rassemble une constellation d’artistes, de formats et de parties prenantes. Les résidences durent et s’éternisent, les artistes se croisent, mutualisent leur outils et savoirs-faire, sont bousculé·es par la vie du lieu et les personnes qui en font l’usage quotidiennement, comme les étudiant·es (en art, en architecture, en design) dont les cours se déroulent à la Station ; contaminent les préoccupations de l’équipe du lieu, en changent la trajectoire.

Le Chantier permanent propose aussi depuis 2020 des chantiers-école où l’on apprend en faisant : des meubles en bois, de la céramique, des décors, de la peinture… Cet été, un chantier-école se construira autour de la forge et du travail du métal.

Artiste : Méryll Ampe

Curation : Line Gigs

Production : Luce Cocquerelle-Giorgi

Assistante de production : Lison Rabot

Photographies : Léa Destombes

Architecture & construction : Maryline Gillois, Robin Nicolas et Léa Destombes

Equipe du chantier : Luiz Francisco Angulo Pizarrello, Inès El Ayadi, Kiddo, Clément D'Hondt, Julie Stockmann, Jeanne Lichou, Ju Santini, Mohamed Kasmi, Maxime Thrun et Florent Lebrun

Conseils : Emmanuelle Raoul-Duval, Robin Meier, Sylvain Cadars, Julian Bustamante, Thibault Chavoix

Projet réalisé avec le soutien du CNC - DICRéAM (développement et production), d’une Aide exceptionnelle de la DRAC Île-de-France et du collectif COAX.