Festival (in)appropriation
10.05.23
Mer. 10 mai
Garage MU, 45 rue Léon Paris 18
Ouverture des portes 19h, début de projection 20h.
Entrée : 5€
Pour la toute première fois depuis sa création, le Festival of (In)appropriation arrive à Paris et investira le Garage MU le 10 mai prochain pour une soirée de projections expérimentales.
Créé en 2009 à Los Angeles, ce festival met à l’honneur des œuvres qui redéploient de manière ‘inappropriée’ des films, vidéos, bandes sonores et autres média existants.
Sous la forme de collages, de clips, de compilations, de remix et de détournements les plus variés, ces œuvres de found footage donnent une nouvelle vie aux films de fiction et aux archives d’état, aux bandes familiales et aux images de propagande, aux vidéos glanées sur YouTube ou aux films éducatifs du début du siècle.
Composé de onze courts métrages, ce programme propose un panorama d’œuvres choisies au sein des douze dernières éditions et met notamment à l’honneur des créations de Raquel Schefer, Gregg Biermann, TT Takemoto, Jennifer Proctor et du collectif Soda Jerk.
Les films ont été sélectionnés par Charlie Hewison et Marie-Pierre Burquier (co-curatrice de la dernière édition).
L’appel à films pour la treizième édition du festival est actuellement ouvert, et ce jusqu’au premier juin prochain.
Programme
1. Gerard Freixes Ribera, Alone (2008, Espagne, 3:00)
Les personnages héroïques de la fiction grand public présentent toujours des attitudes individualistes. Ici, l'individualisme du héros est poussé à l'extrême.
2. Gregg Biermann, Magic Mirror Maze (2012, Etats-Unis, 5:00)
La célèbre séquence de la galerie des miroirs du film noir de Welles, La Dame de Shanghai, est transformée par une succession de quatre progressions algorithmiques de motifs split screen. Le résultat est hypnotique, kaléidoscopique et quelque peu inquiétant.
3. Caroline Koebel, REPEAT PHOTOGRAPHY AND THE ALBEDO EFFECT (2008, Etats-Unis, 8:00)
Ce court métrage mêle des suspects inattendus pour réfléchir à l'impact du réchauffement climatique sur les glaciers. Des scènes de boxe du film Raging Bull de Martin Scorsese sont captées avec une caméra Bolex 16 mm, puis traitées à la main et confrontées à des reportages de la National Public Radio (NPR) et au projet audio de l'artiste Katie Paterson.
Il s’agit de la première partie de Flicker On Off, une trilogie qui applique le langage du film expérimental et de la vidéo d’artiste aux films à gros budget afin de parler des actualités mondiales, sous la forme d’un essai alternatif.
4. Kelly Sears, Voice on the Line (2009, Etats-Unis, 7:00)
Voice on the Line est un collage animé réalisé à partir de figures découpées dans des films d’archives de la fin des années 1950. Cette animation mélange l’histoire de ces films avec des événements de cette époque qui aboutissent à une opération secrète à grande échelle qui dévie bizarrement de sa trajectoire. Le film réfléchit également aux relations actuelles et troublées entre les domaines de la sécurité nationale, des libertés civiles et des compagnies de téléphone. Voice on the Line explore la façon dont la technologie peut être utilisée pour façonner nos peurs et nos désirs.
5. Raquel Schefer – Avó/Muidumbe (2010, Portugal, 11:00)
Mozambique, 1960, juste avant l’éclosion de la guerre, portrait d’une famille coloniale. Une séquence d’archive filmée par le grand-père de l’artiste, ancien administrateur colonial, est le point de départ d’un documentaire expérimental sur l’histoire de la décolonisation portugaise et de sa mémoire. Mémoire double ou dédoublée : la mémoire vécue et descriptive des colonisateurs (leurs textes, leurs images) contre la mémoire fabriquée de leurs descendants. Ce film est une tentative de mise en scène de mes mémoires indirectes du Mozambique.
6. Clint Enns and Darryl Nepinak, I FOR NDN (2011, Canada, 1:34)
Dans cette courte pièce humoristique qui commente les présupposés implicites de notre éducation la plus élémentaire, Clint Enns et Darryl Nepinak s’approprient des séquences d’un programme éducatif conçu pour enseigner les voyelles aux enfants – un personnage qui ne se doute de rien se retrouve à servir d'exemple.
7. Ken Paul Rosenthal, In Light, In! (2013, Etats-Unis, 12:00)
En remixant des films éducatifs 16mm recyclés datant des années 1950, In Light, In ! orchestre un essai visuel obsédant et séduisant dans lequel la tentative de gérer les émotions est réinterprétée à la fois comme un catalyseur et un miroir des luttes et des souffrances culturelles. Les images sont accompagnées de compositions musicales originales de la violoncelliste Zoe Keating.
8. TT Takemoto, Looking for Jiro (2011, Etats-Unis, 6:00)
Une méditation queer sur l’incarcération des Américains d’origine japonaise pendant la Seconde Guerre mondiale. Jiro travaillait à la cantine de la prison et aimait les hommes musclés. Comment ce dandy célibataire gay a-t-il survécu à l'emprisonnement ? Ce mash-up vidéo musical queer comprend une performance de drag king, des images de propagande américaine, de musculation et une confection de pain homoérotique.
9. Guli Silberstein, Cut Out (2014, Israël/Palestine, 4:20)
Ahed Tamimi, jeune Palestinienne de 11 ans radieuse et enragée frappe l’espace vide qui s’étend devant elle. Un algorithme informatique l’isole grossièrement de son environnement d’origine. Peinant à la contenir, ses ennemis soldats israéliens étant effacés du cadre. Peu à peu, d’autres fragments de la scène sont révélés et le contexte s’éclaircit. L’expérience de recherche consistant à traiter la vidéo de 2012 trouvée sur YouTube met en évidence la scène documentée en tant qu’image, à la fois d'un combat pour la liberté et d’un événement médiatique.
10. Jennifer Proctor, Am I Pretty? (2018, Etats-Unis, 10:00)
Un film sans image qui s’approprie le son de vidéos YouTube mises en ligne par des pré-ados et des adolescentes, principalement en 2012. Dans ces vidéos, les jeunes femmes invitent les spectateurs à évaluer si elles sont jolies ou non et à poster leurs réponses dans les commentaires. Am I Pretty ? cherche à attirer l’attention sur l’acte spectatoriel invoqué dans ces vidéos, et sur ce qui se produit lorsque la matière visuelle du jugement est retirée – une réduction acousmatique par le déni de l’image promise.
11. Soda Jerk, The Was (2016, Australia, 14:00)
Mi-film expérimental, mi-clip, The Was est une collaboration entre les vidéastes Soda Jerk et le groupe de musique électronique The Avalanches. Construit à partir de plus d’une centaine d'échantillons de films et de séries télévisées et mis en scène dans le paysage sonore de l’album Wildflower de The Avalanches, le film est un détour psychédélique à travers les territoires de la mémoire collective.