magnétique nord — Tristwch Y Fenywod • Milan W • Maya Al Khaldi

06.11.25

Magnétique Nord, le festival qui remue les entrailles souterraines du monde entier pour en extraire les joyaux sonores les plus obscurs, revient en deux soirées pour résumer l’époque entre chants incantatoires, darkwave étrange, mélancolie Mitteleuropa, initiation cyber-punk, violon ukrainien et folklore palestinien.

⬤ jeu. 06 nov. (20:00 - 01:00) | Station Nord
Tristwch Y Fenywod • Milan W • Maya Al Khaldi & Sarouna feat. Dina Mimi
Préventes : 15 (hors frais) | Sur place : 18

⬤ ven. 07 nov. (19:30 - 23:30) | Station Sud
Ego Death (Aho Ssan & Resina) • Petra Hermanova • Katarina Gryvul
Préventes (hors frais) : 15 | Sur place : 18

⬤ ven. 07 nov. (23:30 - 06:00) | Station Nord
CLUB (Programmation TBA)
Préventes (hors frais) : 12 | Sur place : 15

⬤ Pass
Vendredi Concerts + Club : 20 (hors frais)
Full Magnétique Nord + Concerts & Club : 30 (hors frais)

Tristwch Y Fenywod

Chant incantatoire, cithare funèbre, basse lancinante et percussions martiales : la musique de Tristwch y Fenywod (“La tristesse des femmes” en gallois) semble surgir d’une vieille cassette exhumée de la tourbe brumeuse du nord du Pays de Galles. Ce trio aux allures de coven mystique s’est pourtant formé dans les scènes alternatives de Leeds en 2022, autour de la rencontre entre Gwretsien Ferch Lisbeth (Guttersnipe, The Ephemeron Loop), Leila Lygad (Hawthonn) et Sidni Sarffwraig (Slaylor Moon, The Courtneys). Leur darkwave étrange et hors du temps mêle l’héritage gothique local (Sisters of Mercy, Annie Hogan…) à des forces celtiques occultes, comme si, à la suite d’un rituel loupé, les sorcières païennes du film culte “The Wicker Man” avaient été propulsées d’un cercle de pierres vers un squat des années 80. Chanté entièrement en gallois et masterisé avec soin par l’alchimiste sonore Rashad Becker, leur premier album convoque Cocteau Twins, Dead Can Dance, Svitlana Nianio ou The Cure, plongés dans un bain de langue minoritaire et d’archaïsme magique — une musique de clairière et de feu nocturne, qui ensorcèle et empouvoire.

Milan W

Dans les rues pavées d'Anvers, où les ombres dansent et le vent siffle à travers les vieilles pierres, Milan W Warmoeskerken s'est fait une jolie place au sein de la scène locale flamande (cf. sa participation à des groupes semi-cultes comme Flying Horseman, Condor Gruppe ou Mittland och Leo…). Plutôt porté sur les sonorités électroniques à son départ, Milan a débranché les machines pour orchestrer une stupéfiante sortie de route en octobre 2024. La parution de "Leave Another Day" (chez Stroom) sonne comme un parfaitement anachronique coming out folk-rock, délaissant dorénavant les synthés pour serpenter à travers les guitares acoustiques, les filaments de saxophones feutrés et les mélodies douces-amères ou, à l'occasion, franchement déchirantes. Cette musique de chambre flottante et un rien kosmische sonne comme un classique instantané et se rehausse d'une voix intemporelle, suspendue, d'une vitalité modeste mais porteuse d'une mélancolie que l'on veut bien croire véritable, à la hauteur de celle qui souffle sur les Midlands de Felt et sur toute cette étrange parcelle d'Europe.

Maya Al Khaldi & Sarouna feat. Dina Mimi

On a découvert la vocaliste palestinienne Maya Al Khaldi dans Sodassi, un projet où Kamilya Jubran rassemblait six jeunes voix de la jeune scène de Ramallah, Beyrouth, Jérusalem et du Caire pour inventer ensemble l’avenir de la musique arabe. La voilà qui réapparaît en duo avec la productrice et DJ Sarouna, cofondatrice de Tawleef, un espace et un label indépendant d’artistes palestiniennes. Leur album intitulé à juste titre “Other World”, s’inspire du folklore palestinien, à l’aide de mélodies ou d’enregistrements piochés dans les archives des musiques traditionnelles du Centre d’art populaire de Ramallah, qu’elles superposent et réinterprètent en direct. Le résultat, à la fois empreint de nostalgie et totalement surnaturel, dessine un univers sonore du futur, en quête d’autres perspectives au-delà des conflits du présent.