Loin d’être le lieu d’émancipation qu’elle est censée incarner, l’école s’avère souvent être un espace particulièrement normatif qui a une emprise certaine sur les corps qui la traversent. En effet, ce sont tout un ensemble de règles explicites mais surtout tacites qui donnent vie aux logiques discriminatoires dans ce lieu qui est censé les abolir : règles vestimentaires, valorisation ou sanction de comportements singuliers, correction de l’attitude et de la posture, accessibilité moindre pour certaines personnes discriminées... Les programmes scolaires ne sont ainsi - loin s’en faut - pas les seuls responsables des inégalités sociales que nous connaissons. La journée proposée permettra ainsi de prendre conscience de la production de ces normes (hétéronormatives, validistes, racistes…) à travers l’étude des corps et des espaces à l’école. Nous réfléchirons collectivement aux réponses que nous pouvons donner afin de défaire ce que l’on nomme le curriculum caché en convoquant les pédagogies queer et critiques, l’architecture et le design.

“Ce groupe part d'un constat simple : le manque de liberté au sein de l'EN, que ce manque de liberté affecte soit les personnels éducatifs (profs, AED, CPE etc.) dans leur pédagogie ou dans leur façon d'être, d'évoluer au sein des différents établissements dans lesquels iels travaillent/ nous travaillons, ou que ce manque de liberté affecte les élèves, là aussi sur des plans divers (maîtrise du corps, impossibilité d'exprimer ses émotions, assignation de genre, prédétermination scolaire, préjugés classistes...).

Ce groupe se veut donc à la fois un outil de discussion afin d'échanger autour de notre expérience queer du monde enseignant - l'hétéropatriarcat qui sévit partout, le sexisme apanage de collègues bien lourds ou encore le racisme implanté de manière systémique à l'école - mais aussi un outil de réflexion afin de mettre en avant les "pédagogies queer" et d'essayer de voir comment nous pouvons les mettre en pratique avec nos élèves et en quoi ces pédagogies peuvent apporter de la liberté à celleux qui fréquentent l'école.

La tâche est grande. L'objectif consiste à dessiner à terme un projet qui regroupe 3 modes d'action, 3 volets distincts : un projet associatif : une organisation au sein de l'EN qui défendent les intérêts des AED, des profs, du personnel d'éducation, des élèves qui sont LGBTQIA+ (groupes de parole/de soutien, des défenses juridiques, des témoignages qui visent à assurer notre mode d'être queer au sein de notre classe etc.)

- un site/une base de données : regroupant des cours qui défendent une pédagogie queer (des séquences à s'échanger dans certaines matières, une bibliographie sur les pédagogies critiques et leur application en classe) des oeuvres à proposer aux élèves, aux collègues qui souhaitent aborder ces questions-là avec leurs élèves ainsi qu'une espèce de veille sur toutes ces questions-là au sein de l'EN (un carnet de contacts queer-friendly, des ponts à dresser avec des universitaires qui défendent ces questions etc.)

- Un collectif : un volet plus VNR (moins "officiel"), avec l'écriture d'un manifeste qui expose nos idées, notre colère, notre détermination à ne plus reproduire la violence sociale, sociétale que nous avons tous.tes trop bien connue, manifeste qui serait assorti d'actions plus coups de poing, avec une large campagne d'information bien hardcore sur les dominations à l'école et la nécessité de faire de la liberté une réalité pour tous.tes”

Queer education

https://queereducation.fr/